CSE (Conseil supérieur de l’Éducation) du 29 janvier 2025

CSE (Conseil supérieur de l’Éducation) du 29 janvier 2025

2025-01-29T18:47:19+01:0029 janvier 2025|Catégories : À LA UNE|

 

Madame la ministre,

Mesdames et messieurs les membres du CSE,

 

Le 23 juin 2023, le ministre Pap Ndiaye saisissait le conseil supérieur des programmes dans une saisine, où il indiquait : « L’éducation à la sexualité représente un enjeu majeur de formation des élèves en tant que personnes et futurs citoyens. » L’Éducation nationale prenait alors la mesure de l’importance du sujet et après plusieurs mois de concertation ce programme va enfin voir le jour et nous nous en réjouissons.

Il y a effectivement urgence et les différents rapports de la CIIVISE font froid dans le dos : 160 000 enfants sont victimes chaque année de violences sexuelles, en moyenne dans une classe de 30 élèves, 3 ont été ou sont victimes d’inceste. Le dernier rapport du HCE montre que les discours sexistes et masculinistes ont gagné en visibilité notamment dans les médias et les discours politiques.  94% de femmes de 15 à 24 ans estiment qu’il est plus difficile d’être une femme aujourd’hui, soit 14 points de plus qu’en 2023. Nous le savons, c’est par l’éducation que nous pourrons agir de manière durable contre ces violences, c’est pour cela que ce programme est indispensable.

Il aura donc fallu 6 ministres de l’Éducation Nationale pour qu’il soit enfin présenté au CSE. Six ministres, des mois d’attentes et plusieurs versions d’un texte qui se trouve de fait appauvri. Et ce sont les propos réactionnaires et les attaques de groupuscules et de ministres qui auront mis à mal le consensus obtenu tout au long des concertations. Force est de constater que la nouvelle version des programmes dont nous allons discuter aujourd’hui en porte les stigmates.

Madame la ministre, il est urgent de mettre en place le programme d’EVARS et de ne pas céder aux sirènes de cette opposition très minoritaire.

En premier lieu, supprimer le terme éducation à la sexualité à l’école élémentaire est pour nous un non-sens. Alors que les enfants sont confrontés à la pornographie dès l’âge de 9 ans, ne plus parler d’éducation à la sexualité relève d’une erreur majeure, notamment en termes de protection. Le programme n’est d’ailleurs pas conforme au code de l’éducation et à la loi Aubry de 2001 puisque les élèves ne bénéficieront plus d’éducation à la sexualité à l’école.

L’école n’est pas hors-sol, elle évolue avec la société, les enfants et les adolescent·es qui s’y côtoient ont toutes et tous des histoires différentes mais ils et elles sont bien ancré·es dans leur époque.

Ainsi, il y a danger à ne pas nommer dès l’école maternelle les différentes structures familiales ou bien encore de cacher certains termes comme hétérosexualité, homosexualité, bisexualité ou encore asexualité.

Par ailleurs, il est temps de reconnaître l’implication et l’expertise spécifique des personnels qui font vivre l’éducation à la sexualité depuis de nombreuses années. Or, l’accent mis sur la notion d’enseignement et la responsabilité première donnée aux enseignant·es témoigne d’une méconnaissance pour des professionnel·les qui, impulsent, réalisent ou participent à la majorité des séances d’éducation à la sexualité dans le second degré. En effet, les infirmières et les assistant·es  de service social jouent un rôle central dans l’accompagnement individuel des élèves. Cette articulation entre prévention collective et accompagnement individuel est essentielle pour répondre aux besoins des élèves et renforcer la lutte contre les violences sexuelles. Pour cela, il est indispensable de renforcer les moyens pour faire face aux besoins des élèves.

Madame la ministre, nous allons discuter durant ce CSE du texte dans son ensemble, des évolutions encore possibles mais il faudra aussi regarder devant nous et permettre aux personnels de mettre en place ce programme. Ainsi quelle formation sera assurée pour l’ensemble des personnels et sur quel temps sera-t-elle mise en place ? Comment seront accompagnés et protégés les personnels face à l’ensemble des fake news des mouvements réactionnaires ou des parents hostiles à ce programme ? De ce point de vue, en faisant apparaître la nécessité de prévenir les parents des séances et de leur contenu, vous exposez les personnels à des attaques mais également à des retraits de l’école de certains enfants comme nous l’avons déjà vécu en 2014.

Pour terminer Madame la ministre, en marge de ce sujet, nous souhaitons également vous alerter sur certains points concernant la rentrée 2025.

Les programmes de maths et de français de cycle 1 et 2 se mettent en place à marche forcée dans les académies. Toutes les formations engagées depuis la rentrée sont annulées et remplacées par des formations sur les nouveaux programmes. Ces programmes de maths et de français, largement rejetés par le CSE, sont très mal accueillis sur le terrain et imposer des formations et des pratiques aux enseignant·es n’est pas un signe de confiance. Vous courrez le risque que ces programmes ne soient pas mis en place, les enseignant·es sont excédé·es par des méthodes injonctives qui mettent à mal le sens même de leur métier.

En collège, le recul sur le DNB comme examen à l’entrée du lycée et la disparition des groupes de niveau en Quatrième et Troisième vont dans le bon sens, mais reconduire les groupes de niveaux en Sixième et Cinquième, qui ont dégradé les conditions d’études des élèves, est une provocation. La FSU revendique l’abandon de toutes les mesures du Choc des savoirs. Au lycée, un bilan des réformes Blanquer après 5 ans de changements incessants, est indispensable afin de stopper les mesures sélectives et inégalitaires qui bloquent l’accès au Supérieur. Quant au lycée professionnel, nous demandons le retour de l’ensemble des examens en juin et l’abandon du parcours différencié en terminale bac pro.

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