CSA Ministériel du 16 décembre 2025

CSA Ministériel du 16 décembre 2025

2025-12-16T11:53:16+01:0016 décembre 2025|Catégories : À LA UNE|

Mesdames et messieurs les membres du CSA ministériel,

La FSU adresse toutes ses condoléances à la CFDT après la disparition de Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT Fonctions publiques. Sa parole était écoutée, respectée, engagée, à son image. Elle incarnait avec force et conviction ce qui réunit toutes et tous : l’engagement pour nos collègues, une certaine idée aussi de ce qu’est l’engagement pour l’État et l’intérêt général, à la croisée de nos métiers de la Fonction publique et notre engagement syndical.

Cette séance du CSAMEN s’ouvre en pleine journée de mobilisation des AESH, personnels incontournables dans la mise en œuvre de l’école inclusive. Ces personnels sont trop peu reconnus comme vous avez pu l’entendre lors de la lecture de la déclaration intersyndicale Il est grand temps que le ministère les considère davantage en créant un corps de fonctionnaire d’AESH, de catégorie B et en leur accordant un temps complet.

Notre CSAMEN se déroule en pleine discussion parlementaire concernant les deux projets de lois de finances prévus pour 2026, celui du financement de la sécurité sociale et celui relatif au Budget de l’Etat.

Difficile de dire aujourd’hui quels seront les contenus budgétaires précis finalement adoptés à l’issue des procédures en cours mais notre fédération tient tout de même à rappeler ici son opposition résolue à l’esprit, à la lettre et aux chiffres des mesures austéritaires initialement prévues par les différents Premiers ministres depuis plusieurs mois maintenant.

Les effets catastrophiques pour les finances publiques de la politique macronienne dite de l’offre ne doivent pas avoir pour conséquence la continuation de la dégradation de l’école publique. Plus les conditions de travail des personnels comme les conditions d’apprentissage pour les élèves se dégradent, plus les inégalités augmentent. Nous refusons que les principales mesures prises pour réduire le déficit public du pays touchent de plein fouet le fonctionnement des services publics en général, le nôtre en particulier ainsi que les conditions de travail et de vie de leurs personnels.

La crise d’attractivité des métiers qui en résulte compromet son bon fonctionnement et la perspective d’une austérité budgétaire continuée et renforcée pour notre service public – la diminution de ses crédits – empêchera toute amélioration substantielle de même qu’elle accentuera toutes les inégalités sociales et territoriales déjà à l’œuvre.

De ce point de vue, nous nous opposons à toutes les suppressions d’emplois qui seraient actées au Budget 2026. Dans le contexte de crise de recrutement que le MEN connait, continuer de geler la valeur du point d’indice et ne pas envisager de mesures de revalorisation des personnels est inconséquent

Pour la FSU, l’heure n’est pas à la cure d’austérité pour les services publics et à la chasse aux milliards d’euros de leurs dépenses.

L’heure est à la justice fiscale qui pourrait permettre de faire contribuer les plus riches et les actionnaires et de financer ainsi par des recettes nouvelles les besoins sociaux du pays et l’amélioration des services publics et de l’école publique.

L’heure est aussi à la justice sociale : il faut que nos métiers soient enfin reconnus et que nos traitements et carrières soient très significativement revalorisés.

Notre fédération n’en a donc pas fini avec l’expression de son opposition aux projets gouvernementaux des lois de finances prévues pour 2026 et à leurs mesures austéritaires, même si la « mêlée parlementaire » aura eu pour effet de réduire la portée de quelques mesures particulièrement régressives et même de décaler l’application de la réforme Macron des retraites de quelques mois, pour quelques centaines de milliers de salarié·es.

La Cour des comptes vient de publier un énième rapport sur le temps d’enseignement perdu par les élèves en collège. Fidèle à elle-même la Cour des comptes prône des solutions hors sol dégradant un peu plus le service public, les conditions de travail et d’apprentissage. Alourdir la charge de travail des personnels, modifier leur métier viendra renforcer la crise d’attractivité.

Ce n’est pas la réforme de la formation initiale qui viendra résoudre cette crise. Concernant les concours 2026, les chiffres annoncés des inscrits masquent plusieurs réalités comme la double inscriptions et les postes en baisse pour les rentrées 2027 et 2028.

Il est surtout urgent de revaloriser les salaires.

Le ministère traite ses personnels avec mépris « En raison de fortes contraintes budgétaires, il n’est malheureusement pas possible dans l’immédiat de prolonger votre contrat. » Ces quelques lignes brutales du rectorat de Reims dans un courrier adressé à plusieurs dizaines de professeur·es non titulaires sont insupportables et inconséquentes. Comme l’an dernier, l’Education nationale n’a plus les moyens de payer certains collègues. Nos interventions à tous les niveaux ont permis que ces collègues soient correctement traités. Mais cette situation confirme que les professeur·es non titulaires, recruté·es en grand nombre depuis la loi TFP,  sont considéré·es comme une variable d’ajustement. Les besoins existent, les enseignant·es sont disponibles mais sont licenciés en raison de contraintes budgétaires. Les propositions de la Cour des comptes s’inscrivent bien dans ce contexte où il est considéré qu’il faut faire des économies sur le dos des personnels et des élèves.

Trois mois après la rentrée, la situation dans les écoles est très dégradée. La fusion des missions de remplacement, engagée dans certains départements, dégradent les conditions de travail et entrainent des reculs pour les titulaires remplaçant·es. Des consignes auraient été données par le ministère, qu’en est-il exactement ?

A Mayotte, un an après le cyclone Chido, le temps politique est passé mais les engagements ne sont pas tenus. Hauteur des prix, violences, bâti insuffisant et inadapté aux conditions météorologiques, les conditions d’exercices s’y dégradent et la précarité explose. Pour la FSU, la mise en œuvre rapide d’un plan d’urgence est incontournable.

Plusieurs mobilisations ont eu lieu dès le mois de septembre dernier, pour empêcher toute régression et remise en cause de notre modèle social, dont nos services publics ; et pour porter l’exigence d’un autre budget, qui permette réellement d’améliorer l’école publique et les conditions de travail et donc de vie de ses personnels, celles-ci sont loin d’être terminées.

De ce point de vue, la FSU soutient l’actuelle mobilisation des personnels de CANOPE qui, maintenu·es dans l’incertitude totale concernant l’avenir de leur réseau, se sentent épuisé·es et méprisé·es. « La logique absurde qu’on leur impose – faire plus avec moins – alors que les moyens fondent comme neige au soleil » pour reprendre leurs termes, ne peut durer longtemps comme tel. Il faut très vite les rassurer sur leur avenir, maintenir a minima les emplois – et donc faire annuler les suppressions prévues – garantir une subvention pour charge de service public à la hauteur des besoins de fonctionnement.

Enfin, la FSU apporte tout son soutien aux collègues et aux élèves du collège Champollion à Dijon. Nous dénonçons une volonté manifeste de s’en prendre à nouveau à un lieu d’émancipation par les savoirs et la culture, après les saccages de l’école primaire voisine et de la médiathèque du quartier.  Les personnels du collège Champollion n’ont eu de cesse d’alerter ces derniers mois, années. Il est urgent que l’État assume pleinement ses responsabilités : c’est bien par une réponse mobilisant tous les services publics (justice, police, éducation nationale, santé etc.) face au trafic de drogue qu’il sera possible d’apporter une réponse durable. Nos élèves et nos collègues ne doivent plus pâtir des renoncements de l’État en la matière ! Et là aussi, il est autant question de volonté politique que de moyens… Dans l’immédiat, il est indispensable que l’institution à tous les niveaux, aide et accompagne les collègues et les élèves jusqu’à la réouverture du collège et que les engagements pris par le ministre hier soient suivis de faits.

A de multiples endroits, les personnels alertent sur des situations d’atteinte à leur santé physique et mentale au travail. Le ministère est très loin de respecter ses obligations en matière de protection de ses agent·es et de prévention des risques professionnels. Les entraves au bon fonctionnement de la F3SCT du CSAMEN en sont le reflet. Le 5 décembre dernier, les représentant·es des personnels ont quitté l’instance sans avoir eu de réponse à leurs très nombreuses questions. Un courrier intersyndical a été adressé au ministre. Les chantiers à ouvrir sont pourtant nombreux mais le ministère semble ne pas vouloir mettre en évidence les effets délétères des choix politiques, budgétaires et managériaux.

Pour terminer, nous souhaitons rappeler ici que le contenu des stages syndicaux relève de la responsabilités de l’organisation syndicale concernée et ne saurait être remise en cause dès lors qu’elle ne déroge pas aux valeurs de la République. Ces invitations peuvent être envoyées à toute la profession, comme cela est précisé règlementairement. Nous dénonçons les pressions exercées actuellement par l’extrême droite pour faire annuler un stage de formation syndicale dans l’Oise. Elles doivent être ignorées par l’administration

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