Troubles du sommeil : pourquoi les enseignants ?

En France, une personne sur cinq est concernée par un trouble chronique du sommeil (source INSERM). Selon l’Institut national du sommeil et de la vigilance, 42 % des Français déclarent souffrir d’un trouble du sommeil.
Les enseignants sont particulièrement exposés à ces problèmes pour plusieurs raisons, qui affectent particulièrement les nouveaux venus dans ce métier.

Les horaires de travail irréguliers

Les enseignants ont généralement des horaires de travail fixes, mais ils sont aussi contraints de travailler en dehors de ces heures pour préparer les cours, corriger les devoirs et assister à des réunions.
Ces horaires prolongés, souvent en soirée, peuvent interférer avec leur rythme circadien et limiter le temps de sommeil.

Par ailleurs, les enseignants doivent se lever tôt pour être prêts avant le début des cours, ce qui, combiné à des soirées de préparation ou de correction de travaux, peut entraîner des nuits de sommeil trop courtes.

Le stress professionnel et la charge mentale

Le métier d’enseignant est associé à une pression élevée.
La gestion de la classe, la préparation des leçons, les exigences administratives, et parfois des interactions difficiles avec les élèves ou les parents, peuvent générer un stress important.

Les exigences émotionnelles du métier

Le travail des enseignants est également émotionnellement exigeant. Les interactions avec les élèves, qui peuvent être à la fois gratifiantes et stressantes, la gestion de comportements parfois perturbateurs, et la nécessité de maintenir un environnement de classe positif et productif peuvent affecter la capacité des enseignants à « décompresser » après une journée de travail.

Les jeunes enseignants sont souvent exposés à des “emplois du temps à trous”, de longues heures de préparation de cours, des temps de trajet incompressibles qui vont sérieusement impacter leur temps de sommeil en début de carrière.

Vers un droit au sommeil réparateur ?

« Le droit de la santé au travail dans la fonction publique n’existe pas aujourd’hui, souligne Laurence Bergugnat dans cette interview. Il est encore à construire. Le droit est vecteur de justice sociale. Il permet de protéger sa santé et celle des autres dans le champ du travail, chacune et chacun dans l’exercice de ses responsabilités. »
Professeure en sciences de l’éducation et de la formation à l’université de Bordeaux, elle avait consacré sa thèse en 2004 au stress des enseignants. Et vingt ans après, elle espère une approche « écologique » de ce problème : « C’est par une approche globale […] de l’environnement du travail que les collectifs de professionnels dans les établissements scolaires peuvent œuvrer à la réduction du stress et à la protection de leur santé mentale et physique. »

Cette vision holistique est loin d’être présente dans tous les esprits. « La prévention du manque de sommeil est une priorité du ministère de l’Éducation nationale », indique cette présentation du programme « Dormir plus et mieux » qui malheureusement ne concerne pas le personnel…
Mieux vaut pourtant agir avant l’apparition des troubles du sommeil.
Par un effet miroir, est-ce qu’on ne pourrait aussi être attentionné au sommeil des équipes éducatives ? Par exemple en encourageant les enseignants à pratiquer des techniques de relaxation (méditation, yoga, etc.) qui peuvent les aider à réduire leur stress et favoriser un meilleur sommeil ?

Des nuits trop courtes conduisent à un épuisement chronique.
Avant l’installation des troubles du sommeil, quelques règles d’hygiène de vie peuvent permettre de retrouver un sommeil réparateur.

Trois conseils pour bien dormir

Quand le déficit de sommeil est chronique, seul un accompagnement médical pourra vous aider. Les problèmes d’insomnie sévère ou le syndrome des apnées du sommeil bénéficient désormais de centres spécialisés. Quant à l’usage de la mélatonine, très à la mode, rappelons cette mise en garde de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation.

Les conseils qui suivent ne visent donc qu’à rappeler trois techniques éprouvées pour améliorer la qualité de votre sommeil.

Maintenir une routine de sommeil régulière

  • Pourquoi ? Votre corps fonctionne selon un rythme circadien, une horloge biologique interne. Respecter des heures régulières de coucher et de lever favorise l’endormissement et un sommeil réparateur.
  • Comment ? Couchez-vous et levez-vous à la même heure chaque jour, même le week-end. Créez une routine apaisante avant de dormir (lire, méditer, prendre une douche chaude).

Optimiser l’environnement de sommeil

  • Pourquoi ? Un environnement calme, sombre et confortable favorise un sommeil profond.
  • Comment ? Réduisez le bruit (utilisez des bouchons d’oreilles ou une machine à bruit blanc si nécessaire). Assurez-vous que la pièce est sombre (rideaux occultants ou masque pour les yeux). Maintenez une température agréable (idéalement entre 16 et 20 °C).

Limiter les stimulants et les écrans avant le coucher

  • Pourquoi ? La lumière bleue des écrans et certains aliments ou boissons perturbent la production de mélatonine, l’hormone du sommeil.
  • Comment ? Évitez les écrans au moins une heure avant de dormir ou utilisez des filtres anti-lumière bleue. Réduisez la consommation de caféine et d’alcool dans les heures qui précèdent le coucher. Préférez des activités relaxantes comme le yoga ou la lecture.

Prendre conscience de l’importance du sommeil

Ce n’est pas avec des nuits bien trop courtes que vous serez en mesure d’être le (ou la) super-prof qui est votre idéal. C’est important d’avoir toutes les informations sur le sommeil. Bien dormir, c’est vital. Pour vous comme pour vos élèves.

 

Extrait d’un article de Eric Berbudeau, Journaliste MAIF Mag