Adoptée le 7 février 2022, l’interdiction de l’hébergement en hôtel des jeunes dépendant de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), n’a pu entrer en vigueur le 1er février 2024 comme le prévoyait la « loi Taquet » relative à la protection de l’enfance.
Il aura sans doute fallu le suicide de Lily, 15 ans, dans un hôtel du Puy-de-Dôme fin janvier, pour que le décret d’application paraisse enfin au Journal officiel le 18 février.
Attendu par les associations, ce décret nourrit pourtant des inquiétudes. Il détaille en effet des dérogations aux conditions d’hébergement prévues par la loi. Ainsi, « à titre dérogatoire, pour des situations d’urgence ou pour assurer [leur] mise à l’abri », des jeunes entre 16 et 21 ans, pourront toujours être accueilli·es, sous réserve d’une autorisation départementale, dans des hôtels.
Ce texte laisse un goût amer à nombre de professionnel·les, élu·es et militant·es qui continuent à dénoncer les conditions inacceptables de prise en charge de ces jeunes et la lente mais inéluctable dégradation de la protection de l’enfance.
Pour le collectif Justice des enfants « tous les dispositifs législatifs mis en place seront vains si les moyens humains, financiers et matériels ne sont pas augmentés de manière significative ». Il appelle à la mise en œuvre d’un plan d’urgence humain et budgétaire, avec l’action de toutes et tous les professionnel·les de l’enfance en danger, du travail social et du secteur médicosocial, les éducatrices et éducateurs (prévention, ASE, PJJ), les professionnel·les de la justice (avocat·es et magistrat·es pour enfants), mais aussi les associations en protection de l’enfance et les institutions.