Quelle place pour le métier enseignant dans la société ? La France occupe la dernière place des pays de l’OCDE pour la valorisation du métier enseignant dans la société. Seulement 4 % des enseignants estiment que leur métier est valorisé par la société, et autant pensent que leur opinion est prise en compte par les décideurs politiques. C’est aussi la dernière place à l’échelle internationale. Une forte baisse de la satisfaction depuis 2018 concerne les conditions de travail. L’édition 2024 de l’enquête TALIS (Teaching and Learning International Survey) confirme ce malaise profond, en mettant en évidence une profession confrontée à des exigences croissantes, mais sans les moyens, la reconnaissance ni la formation adéquate pour y faire face.
En résumé, la comparaison internationale documente qu’enseigner en France, c’est : plus de pressions, plus d’élèves avec des profils diversifiés, plus de temps pour la discipline en classe, plus de stress… et moins de formations et d’argent pour les professeurs en France.
Un paradoxe français : des enseignants engagés, mais une hausse de l’insatisfaction sur les conditions de travail depuis 2018
Si la majorité des enseignants se disent globalement satisfaits de leur travail (à noter qu’avec 79%, c’est aussi l’avant-dernière place), l’insatisfaction croît fortement sur deux points essentiels : la rémunération et les conditions d’exercice du métier. En 2024, seuls 59 % se disent satisfaits de leurs conditions de travail (hors salaire), soit une baisse de 21 points depuis 2018. Concernant la rémunération, seuls 27 % se déclarent satisfaits, un chiffre inférieur de 12 points à la moyenne de l’OCDE, et inchangé depuis 2018.
4 % des enseignants estiment que leur travail est valorisé dans la société
Les résultats de l’enquête révèlent un sentiment d’abandon et de non-considération. À peine 4 % des enseignants estiment que leur travail est valorisé dans la société, contre 22 % en moyenne OCDE. La même infime part juge que leur voix n’est pas prise en compte par les décideurs politiques, ce qui alimente un sentiment d’isolement. Ce déficit de reconnaissance – sociale, institutionnelle et financière –fragilise l’attractivité du métier et contribue à la crise des vocations.
Des conditions d’enseignement de plus en plus complexes

Diversité des élèves et inclusion
Les enseignants français font face à une hétérogénéité croissante des élèves, sans toujours disposer des ressources nécessaires pour s’y adapter. Depuis 2018, la part des enseignants exerçant dans des établissements comptant au moins 1 % d’élèves réfugiés a augmenté de 21 points. Par ailleurs, 74 % enseignent dans des établissements où plus de 10 % des élèves ont des besoins éducatifs particuliers, soit une hausse de 32 points depuis 2018 (OCDE : 46 % en moyenne).
Pourtant, seuls 53 % des enseignants estiment pouvoir adapter leurs cours à ces profils spécifiques – un taux bien en deçà de la moyenne OCDE (62 %). Ce décalage révèle un manque criant de formation et d’accompagnement, dans un contexte de plus en plus exigeant.

Une pression croissante, des moyens insuffisants
Les enseignants pointent trois grandes sources de stress : les changements imposés par les autorités (62 %), la surcharge administrative (58 %), l’adaptation aux besoins éducatifs particuliers (49 %). Ces pressions institutionnelles pèsent sur le quotidien, réduisant le temps consacré à l’enseignement lui-même.
La gestion de classe, un défi quotidien
Un enseignant sur cinq (20 %) déclare perdre beaucoup de temps à cause des interruptions en classe, et 18 % du temps de cours est consacré au maintien de l’ordre, soit plus que la moyenne OCDE (15 %). Ce chiffre n’a pas évolué depuis 2018, montrant une stagnation des difficultés de gestion de classe, malgré les évolutions pédagogiques ou technologiques.
Une formation initiale et continue insuffisante
L’enquête met en évidence des carences persistantes en matière de formation, aussi bien initiale que continue. Seuls 53 % des jeunes enseignants jugent leur formation initiale de qualité (OCDE : 75 %), et ils sont peu préparés à la gestion de la diversité, à l’usage du numérique ou à l’accompagnement socio-émotionnel des élèves.
En matière de formation continue, seulement 35 % des enseignants estiment qu’elle a eu un impact positif sur leur pratique (OCDE : 55 %). Les principaux freins évoqués : manque de temps, incompatibilité avec les horaires de travail et manque d’offres pertinentes.
Un métier en quête de reconnaissance et de soutien
En résumé, les enseignants en France exercent dans des conditions de plus en plus complexes, avec une charge croissante, peu de reconnaissance, des salaires peu attractifs, et des formations inadaptées aux réalités du terrain. Le métier reste source de satisfaction malgré tout, pourrait-on dire, mais au prix d’un engagement personnel important, voire de sa santé ?
Et ministre ou pas ministre, si le cap reste le même, la prochaine enquête Talis dans 5 ans ne pourra qu’entériner l’échec d’une gouvernance politique et de ses choix, déconnectés des professeur.es, de leurs besoins au service des élèves de la République.
Télécharger le diaporama de présentation de Talis pour la France
https://www.cafepedagogique.net/2025/10/07/enseigner-en-france-un-metier-meprise-et-de-plus-en-plus-difficile-enquete-talis-2024/
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