En 2017, Dominique Cau-Bareille a écrit dans Retraite et société 2017/2 (N° 77) cet article sur une question qui devient encore pus actuelle.
Depuis la mise en place des réformes sur les retraites de 2003 visant à réduire les déficits des caisses de retraite, il est demandé aux enseignants français de travailler plus longtemps : l’âge minimum de départ à la retraite est fixé actuellement à 62 ans. Maintenir les seniors en activité en favorisant leur bien-être au travail, leur santé, devient alors un enjeu majeur pour l’institution, car de leur bien-être au travail dépendra la qualité de l’enseignement délivré aux élèves.

Le vieillissement de la population enseignante est d’autant plus préoccupant que depuis une vingtaine d’années, la proportion d’enseignants de plus de 50 ans n’a cessé d’augmenter pour atteindre en 2015, dans le premier degré, 23,1 % de femmes et 35,6 % d’hommes ; dans le second degré, 28,4 % de femmes et 33,2 % d’hommes.

L’allongement des carrières lié à l’augmentation du nombre d’annuités nécessaires pour bénéficier d’une retraite complète s’est assorti d’une disparition des dispositifs permettant des aménagements de fin de carrière. Cela s’est traduit en 2003 par la suppression des mesures de cessation progressive d’activité (CPA ) et l’extinction du régime particulier des enseignants parents de trois enfants leur permettant d’anticiper leur retraite dès l’obtention de 15 ans d’ancienneté dans le métier s’ils le souhaitaient. En parallèle, s’est mis en place un système de décote dans le calcul de la retraite pour les personnes qui veulent anticiper leur départ, dispositif visant à les inciter à rester en activité jusqu’à la retraite, plutôt à temps plein. Le ministère de l’Éducation nationale se retrouve donc dans un contexte où il doit gérer de plus en plus de seniors qui bénéficient de moins en moins de possibilités d’aménagement des fins de carrière, ce qui soulève le problème de « durer dans le métier en bonne santé et motivés ».

Cette forte représentation des plus de 50 ans constitue un objet de préoccupation partagé par les responsables des ressources humaines, les médecins de prévention et les syndicats. En effet, les médecins comme les psychologues de l’Éducation nationale accueillent majoritairement des personnes en fin de carrière dans leurs consultations d’enseignants en difficulté, le plus souvent des femmes, surreprésentées dans ce milieu professionnel.

Cet article se propose donc d’analyser de manière critique les dispositifs d’accompagnement des fins de carrière des enseignants en France. Dans un premier temps, nous évoquerons les difficultés ressenties dans cette phase du parcours professionnel sur la base d’une revue bibliographique internationale. Puis nous développerons les dispositifs qui ont été réfléchis par l’Éducation nationale pour se saisir de cette problématique depuis 2009 et analyserons les conditions de leur abandon. Nous terminerons par des propositions visant à créer les conditions de l’activité des enseignants en fin de carrière.