Dans cette tribune[1], Daniel Bloch, père du bac professionnel et ancien recteur, revient sur son expérience dans les années 90 relative à un sujet déjà d’actualité : l’ « absentéisme » des professeur.es. Il raconte que le ministre de l’Éducation nationale Claude Allègre avait alors lancé la polémique qu’il avait conjuguée à une deuxième idée fausse sur les vacances… Idées fausses et clichés ont la vie dure !
En 1997, il y a plus de vingt-cinq ans, Claude Allègre et Ségolène Royal avaient créé un groupe de travail chargé de mesurer, dans l’année, le nombre effectif de journées dans l’année scolaire puis de proposer des mesures afin que celle-ci soit plus efficacement utilisée. Un groupe qu’ils m’ont alors demandé de présider.
Des déclarations ministérielles fracassantes
Ce groupe, constitué sous forme de table ronde ouverte aux organisations socioprofessionnelles comme aux parents d’élèves, avait autant pour objectif de calmer les esprits, après des déclarations ministérielles fracassantes sur l’absentéisme des enseignants, que de trouver des solutions satisfaisantes au problème de leur remplacement.
« Il y a beaucoup d’absentéisme dans l’éducation nationale, il faut mettre fin à cela. 12 % d’absentéisme, c’est beaucoup trop. Il y a des gens qui considèrent qu’ils ont droit à des congés maladie, pas moi », avait déclaré Claude Allègre, le jour de la rentrée scolaire.
Quelques jours plus tard, aux journées parlementaires du parti socialiste à Montpellier, le ministre surenchérissait : « Les enseignants ont quatre mois de vacances et en plus ils prennent leurs congés-formation sur la scolarité. [Ils sont) en formation huit jours après la rentrée, laissant les enfants tout seuls. »
M. Allègre avait déclenché un beau tollé syndical, relayé par les organisations de parents d’élèves. Le nombre effectif de journées est en effet distinct du nombre de jours attendus, et cela pour de multiples raisons : enseignants absents pour maladie, afin de participer à des actions de formation continue, convoqués pour participer à des jurys d’examens, ou encore empêchés d’enseigner, les locaux d’enseignement étant occupés pour la tenue d’examens.
Ce groupe de travail notait que, depuis l’entrée en classe maternelle jusqu’au baccalauréat, près d’une année entière de scolarisation n’était pas assurée[2]. Le rapport intitulé : « Pas de classes sans enseignants »[3], proposait vingt mesures destinées à y mettre fin, une charte de bon fonctionnement du service public et un dispositif de suivi mensuel de l’évolution des paramètres décrivant cette efficacité à retrouver. Les organisations professionnelles, tout en approuvant ces propositions qui disculpaient les enseignants[4], mettaient immédiatement en avant le fait que leur mise en œuvre demandait des moyens.
Jack Lang mit fin à ce suivi et à ce dispositif, par trop encombrant. Et les mesures proposées – toujours d’actualité – n’ont été, jusqu’à ce jour, guère mises en œuvre.
« Pas de classe sans enseignant » : un marronnier comme disent les journalistes à propos des sujets qui se répètent, chaque année, identiques à eux-mêmes.
Daniel Bloch
[1] Note largement extraite de Daniel Bloch — Wikipédia
[2]Béatrice Gurrey., « Un rapport estime que 10 % des heures de cours ne sont pas assurés dans le secondaire », Le Monde, 30 janvier 1998
[3] Daniel Bloch, Pas de classe sans enseignant | Ministère de l’Education Nationale
[4]« Le rapport Bloch disculpe les enseignants », L’Humanité, 11 février 1998