Tous les ans les budgets de l’État et de la Sécu doivent être adoptés avant la fin de l’année civile, pour que les ressources puissent être légalement prélevées et les dépenses engagées dès le mois de janvier.
Le retard délibérément pris par le président de la République pour la désignation du premier ministre et du gouvernement est à ce titre hautement stratégique, il tente ainsi d’imposer la poursuite des politiques néolibérales menées depuis le début de son premier mandat. C’est le sens donné aux « lettres-plafond » envoyées à chaque ministère le 20 août par Gabriel Attal, Premier ministre démissionnaire.
Bruno Le Maire avait affiché en juillet sa volonté d’imposer 5 milliards de restrictions sur les finances publiques de 2024, en plus des 10 milliards déjà imposées par décret. Gabriel Attal n’a pas suivi cette voie, mais en engageant une reconduction des budgets à l’identique de 2024, il impose une réduction en valeur équivalente à 10 Md€ du fait de l’inflation.
Pourtant, depuis 2017, les réductions d’impôts, de taxes et de cotisations n’ont eu aucun effet sur la croissance économique, contrairement à ce que promettent les théoriciens des politiques de l’offre.
En 2023 la croissance économique française n’aura été que de 0,9 % et devrait ne pas dépasser les 0,5 % en 2024 (projection de l’OFCE). Le recul des recettes publiques n’a fait qu’aggraver les déficits, malgré les restrictions budgétaires déjà engagées.
En fait, ces déficits et l’accroissement de l’endettement public sont délibérément organisés et servent de prétextes aux restrictions budgétaires sans fin, contre les services publics et contre les dépenses sociales.
Le retard du calendrier budgétaire est par ailleurs handicapant et anti-démocratique, car le projet de budget doit être présenté mi-septembre au Haut conseil des finances publiques et au Conseil d’État, puis déposé à l’Assemblée nationale le 1er octobre. Et l’absence de majorité parlementaire pourrait entraver l’adoption d’un budget, même à coup de 49.3.