Le choc des savoirs entend bouleverser radicalement le système éducatif pour accentuer le tri social opéré par l’école.
Sélection insidieuse des élèves dès la Sixième, avec des groupes de niveau en français et en mathématiques et programmes réécrits de la maternelle au collège pour aller vers des savoirs mécaniques standardisés et une standardisation des pratiques enseignantes. Des démarches, dispositifs et outils seront ainsi prescrits et des méthodes et manuels labellisés pour un pilotage appuyé sur les résultats des élèves aux évaluations standardisées du CP à la Seconde.
Les redoublements accrus dès l’élémentaire tout comme les stages de remise à niveau ont pourtant démontré leur inefficacité.
Le diplôme national du brevet conditionnera l’accès à la classe de Seconde générale, technologique et professionnelle, reléguant ainsi une partie de la jeunesse en dehors d’un lycée devenu inaccessible, à rebours de la volonté de démocratisation à l’œuvre depuis 50 ans…
Toutes ces mesures dessinent une école ségrégative, violente et injuste pour les élèves, notamment celles et ceux des familles populaires.
Le rejet unanime des textes réglementaires « Choc des savoirs » par le Conseil supérieur de l’Éducation (CSE) et les luttes des personnels, soutenus par les parents d’élèves, ont obligé la ministre à un assouplissement sur les groupes de niveau. Mais, pour le moment, seul l’emballage a changé avec une possible adaptation locale de ces groupes qui laisse craindre un éclatement du cadre national du collège.
La FSU exige l’abandon de l’ensemble de cette réforme.
QUESTIONS au SUI-FSU (Syndicat des inspecteurs)
et au SNUPDEN-FSU (Syndicat des chefs d’établissement)
Quelle est votre appréciation de la réforme « Choc des savoirs » ?
E. Nicollet : Ce projet rétrograde ignore volontairement les résultats de la recherche sur le redoublement et sur les effets pervers de la non mixité sociale et scolaire. Ces mesures n’élèveront pas le niveau des élèves, ne permettront pas d’améliorer leur estime de soi, ne favoriseront pas l’orientation choisie ni leur émancipation.
I. Garncarzyk : Les conséquences vont être catastrophiques, avec notamment l’abandon de dispositifs répondant aux besoins des élèves. L’éclatement des classes en groupes de niveau nécessitera d’aligner les cours en français et en mathématiques : un désastre pour les emplois du temps. Afin d’avoir suffisamment de professeur·es disponibles en même temps, les services partagés entre plusieurs établissements seront inévitables.
Pour les personnels que vous représentez, quelles sont vos problématiques spécifiques ?
E. N. : Le ministère souhaite l’adhésion et le soutien des inspecteurs et inspectrices pour accompagner ce projet, mais au prix de reniements impossibles. Nier les résultats de la recherche qui nourrissent notre réflexion ? Nier notre expertise, nos observations, notre connaissance des publics et de leurs besoins ? Certainement pas ! Nous continuerons à faire des propositions pour améliorer les conditions d’apprentissage des élèves et les conditions de travail des professeur·es.
I. G. : Réaliser une préparation de rentrée sans textes réglementaires, quelle légitimité pour les représentants de l’État que nous sommes ? L’action des personnels de Direction est décrédibilisée. Pendant des décennies nous avons œuvré pour abaisser les taux de redoublement, renforcer le traitement de la difficulté scolaire au sein de la classe hétérogène… Aujourd’hui marche arrière toute. Inconcevable !